© getty images

6 questions sur les virus hivernaux

En cette période de l’année, il est rare d’échapper aux maladies hivernales. A quels virus sont-elles dues? Pourquoi n’a-t-on pas encore trouvé de médicament efficace contre le rhume? Et faut-il se méfier du froid et des courants d’air?

1. Quels sont les germes qui nous rendent malades?

Pr Johan Neyts, virologue (Institut Rega KULeuven): «Il existe un large spectre de virus à l’origine des rhinites. Les rhinovirus, dont on connaît environ 150 variants ne cessent de muter. La mise au point d’un vaccin est donc impossible. Ces virus se nichent dans les muqueuses et provoquent des symptômes pouvant aller du nez qui coule aux maux de gorge, en passant par les sinus bouchés. Si vous souffrez d’une affection ORL chronique, comme l’asthme ou la BPCO, un simple rhume risque de les aggraver et la situation peut dégénérer. D’autres virus affectent aussi les voies respiratoires: le VRS, l’adénovirus et les virus para-influenza qui donnent plutôt des états grippaux. On connaît également une quarantaine de coronavirus plus ou moins inoffensifs. Je les appelle les «petits cousins» du fameux Covid (SARS-CoV-2). A l’autre bout du spectre des virus responsables des affections respiratoires, on en trouve certains qui peuvent, hélas, être graves, comme le virus de la grippe et les variants du SARS-CoV-2.»

2. Le vaccin anti-Covid protège-t-il du variant JN1 actuellement en forte augmentation?

«Les vaccins de la cinquième vague de vaccination (4e booster) sont adaptés aux variants qui circulaient début 2023 et sont désormais en partie concurrencés par le JN1. Mais le booster nous protège apparemment bien contre ce nouveau-venu qu’on trouve déjà fréquemment dans les eaux usagées (analysées en permanence). Ce nouveau variant du Covid est apparu il y a environ trois mois au Royaume-Uni et se révèle plus contagieux que son prédécesseur. Si vous n’avez pas encore eu votre booster de vaccination, vous pouvez encore le faire, car on s’attend à ce que ce variant continue de circuler cet hiver, en concurrence avec les virus de la grippe.»

3. Le VRS (orthopneumovirus) peut-il aussi toucher les adultes?

«Bien sûr. Le VRS ou virus respiratoire syncytial est surtout associé à des infections respiratoires graves chez les nourrissons, mais il peut aussi provoquer des pneumonies, de l’essoufflement et autres complications chez les 65 + et les patients immunodéprimés. Depuis 2023, on dispose enfin d’un vaccin contre le VRS – après quarante années de tâtonnements et d’échecs. Il s’agit de deux vaccins pour les personnes âgées et d’un autre destiné aux femmes enceintes. C’est un véritable cap. Le Conseil supérieur de la Santé conseille de vacciner contre le VRS les patients à risque âgés de 60 ans et plus.»

4. Beaucoup pensent qu’on s’enrhume en restant dans le froid ou dans un courant d’air, voire si on sort avec les cheveux humides en hiver. Est-ce vrai?

«Non, mais c’est une croyance qui a la vie dure. Ma grand-mère – que j’adorais – tenait, même en été, à fermer les vitres de la voiture, persuadée que ça allait la rendre malade. Or s’aérer et sortir dans le froid est une excellente idée. Car c’est à ce moment-là qu’on croise le moins de virus. C’est au contraire à l’intérieur, dans des espaces confinés, que les virus s’en donnent à cœur joie et qu’on se contamine. Avec un bémol toutefois: si le corps se refroidit trop, les muqueuses sont moins irriguées et le système immunitaire devient moins performant. On est alors plus susceptible d’attraper un virus. Mais le risque reste faible. Si vous avez le nez qui coule après être sorti dans le froid ou dans la pluie, c’est tout simplement parce que vous avez été en contact avec des particules virales avant… Vous auriez sans doute développé ce rhume même sans sortir au grand air.»

5. La quantité de virus détermine-t-elle la gravité de l’infection?

«Oui. On estime que plus la charge virale est importante, plus on risque d’être infecté et que plus les symptômes pourraient se développer vite et être virulents. Si quelqu’un vous éternue au visage, la muqueuse de votre nez et de votre gorge va se retrouver entièrement tapissée. Cela permet aux particules virales de se multiplier et de vous rendre très vite malade. Si, par contre, vous êtes au contact d’une petite quantité de particules, le virus mettra plus longtemps à se multiplier et le système immunitaire aura le temps de mieux s’armer.»

6. Nous sommes tous sujets à des rhumes à répétition. Pourquoi ne trouve-t-on pas de remède antiviral?

«Les personnes souffrant d’asthme ou de bronchite chronique auraient grand besoin de ce type de médicament. Dès qu’ils ont le nez qui coule, ils devraient pouvoir se tester et, en cas de résultat positif, prendre un médicament antiviral.

C’est pourquoi mes équipes et moi-même planchons sur la mise au point d’anti-rhinovirus. Nous avons découvert des antiviraux qui fonctionnent contre la quasi-totalité des variants de ces virus. Nous collaborons avec des entreprises, mais la pandémie de Covid a mis un coup d’arrêt temporaire à ce projet. Nous cherchons le maillon faible du virus. Par exemple, nous avons découvert une petite cavité à la surface du virus, là où un antiviral pourrait se nicher, empêchant ainsi le virus de pénétrer dans la muqueuse du nez et de la gorge.

Nous avons aussi trouvé le moyen d’arrêter la «photocopieuse virale» qui est capable de dupliquer un tout petit virus à des milliers d’exemplaires. Un principe comparable a été appliqué aux antiviraux contre le VIH (Sida) et l’hépatite B.

A côté de cela, nous avons également pu développer un puissant antiviral contre le VRS. Avec l’aide d’une société américaine, nous allons en affiner la mise au point, en espérant – à terme – parvenir à un traitement ultra efficace contre les infections par le VRS.»

Lire plus de:

Contenu partenaire