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8 idées reçues sur la hernie

Une hernie, c’est toujours douloureux. Elle vous cloue au lit. Et mieux vaut éviter une opération aussi longtemps que possible... Nous démêlons le vrai du faux!

Une hernie discale peut survenir subitement, par exemple en soulevant une charge lourde, ce qui provoque une augmentation de la pression. Mais elle peut tout aussi bien apparaître progressivement, à la suite de mouvements répétitifs, voire sans cause évidente, analyse le Dr David Van Schaik, chirurgien du dos.

1. En cas de hernie, le disque intervertébral est endommagé

VRAI «C’est exact. Les disques intervertébraux sont les amortisseurs situés entre les vertèbres. Ils se composent d’un anneau cartilagineux et d’un noyau gélatineux souple et absorbent les chocs. Si l’enveloppe extérieure de cet anneau se rompt, une partie (ou la totalité) du noyau peut sortir (hernie). Si ce renflement pousse sur le nerf, on peut ressentir les symptômes typiques d’une hernie, tels qu’une douleur intense dans le dos ou les jambes, un engourdissement ou des picotements dans les jambes, ou encore une perte de force dans les muscles.

Certaines postures peuvent raviver la douleur, mais celle-ci s’atténue généralement lorsqu’on marche. Si vous ressentez une douleur, vérifiez également que vous pouvez bouger facilement les jambes et les pieds. La marche avec un pied tombant, en raison d’un manque de force pour dérouler le pied, est un phénomène bien connu mais heureusement peu fréquent. Malheureusement de nombreux patients attendent trop longtemps avant de consulter lorsqu’ils éprouvent une perte de force.

2. Une hernie fait toujours très mal

FAUX «Pas du tout! Dans de nombreux cas, le renflement de la hernie discale n’appuie sur rien et on peut marcher sans aucune douleur. Une hernie peut apparaître partout, mais dans la majorité des cas, c’est dans le bas du dos.

Les disques intervertébraux sont également soumis à un processus d’usure normal. Ce phénomène se produit à un rythme différent chez chacun et fait qu’on rapetisse avec le temps. Une hernie (précoce) peut accélérer cette évolution. En l’absence ou en cas d’absorption minimale des chocs, les vertèbres se heurtent directement les unes aux autres, ce qui peut également provoquer des douleurs dorsales.

3. Il ne faut pas confondre hernie et bombement discal

VRAI «C’est exact. Le bombement discal n’entraîne qu’une augmentation de la pression sur le disque intervertébral, sans l’endommager. On peut comparer cela à un ballon qu’on pince sur un côté, ce qui le ferait gonfler. Si vous supprimez la pression, le ballon reprend sa forme initiale. Le bombement résulte généralement d’une mauvaise posture.»

4. EN cas de hernie, on doit garder le lit et bouger le moins possible

FAUX «C’est faux! Être alité accélère la fonte musculaire. Le fait d’être trop souvent assis favorise également les douleurs dorsales. Idéalement, vous devriez vous lever et marcher toutes les 45 minutes. Lorsque vous êtes assis, la pression s’exerce entièrement sur vos articulations et vos disques intervertébraux. Ainsi, même avec une hernie discale, il faut rester actif autant que possible tant que le seuil de douleur le permet. Faire quelques pas dans la maison, monter quelques marches... L’aquagym est un excellent sport, car on bouge dans l’eau en éliminant la charge sur le corps.

Le tabagisme aggrave également une hernie. Après une seule cigarette, les minuscules vaisseaux sanguins qui entourent les disques intervertébraux se ferment pendant 12 heures. La circulation sanguine se détériore, ce qui entraîne une perte de liquide et altère le fonctionnement du disque intervertébral.

5. Mieux vaut diagnostiquer une hernie par imagerie

FAUX «Non, il est généralement possible de diagnostiquer une hernie sur la base des antécédents du patient, en combinaison avec un examen clinique. Un scanner n’est généralement pas nécessaire, car il ne change pas grand-chose à l’approche. Si vous réalisez aujourd’hui un scanner sur 100 personnes de plus de 50 ans choisies au hasard, sans problèmes de dos, vous détecterez des anomalies, dont des hernies discales, chez 60 à 80% d’entre elles.

Le dos subit des changements au fil des ans, c’est un processus normal, au même titre que l’apparition des cheveux blancs. C’est pourquoi une IRM du dos est à déconseiller même pour les personnes qui se plaignent de douleurs: vous découvrirez des anomalies, sans pour autant qu’elles soient à l’origine de la douleur. Les patients font alors souvent une fixation sur cette hernie, alors qu’elle est peut-être là depuis vingt ans sans créer le moindre problème.

Si les plaintes persistent plus de six semaines à trois mois, il faut envisager une infiltration ou une opération. Dans ce cas de figure, l’imagerie peut être utile.»

6. Le stress est un facteur aggravant

VRAI «Oui. Le stress ne cause pas de hernie, mais si vous en avez une, le stress empirera la situation. En effet, la pression mentale rend plus vulnérable aux tensions. La douleur, associée à un chef désagréable ou à des problèmes relationnels, peut déboucher sur un blocage total.»

7. Il faut toujours traiter une hernie

FAUX «Non! Dans 80% des cas, une hernie discale guérit spontanément après quelques mois. Pendant cette période, le liquide du disque intervertébral disparaît de lui-même, après quoi le renflement et la pression sur le nerf s’atténuent. Le disque intervertébral a perdu de son volume, mais la douleur a disparu. Pour lutter contre la douleur, vous pouvez prendre du paracétamol, associé à de la kinésithérapie pour maintenir la souplesse de vos articulations et de vos muscles. En cas de douleur plus intense, on peut faire une infiltration avec un anti-inflammatoire pour anesthésier les nerfs pincés. La durée des résultats varie d’un patient à l’autre.

Dans 80% des cas, une hernie discale guérit spontanément.

Chez les personnes présentant des symptômes persistants qui ne peuvent pas être opérées, le nerf affecté peut également être traité par une forme de thérapie thermique qui désactive temporairement le nerf et l’empêche de déclencher des impulsions de douleur.»

8. Mieux vaut éviter une opération

FAUX «Ce n’est plus vrai, bien qu’il y ait évidemment un risque de complications, comme avec toute intervention chirurgicale, et que celle-ci ne fasse pas disparaître les symptômes chez tout le monde. Mais si tous les autres traitements échouent, après trois à quatre mois, la chirurgie peut être une bonne solution, si le patient le souhaite. Idéalement, l’opération doit avoir lieu avant que la douleur ne persiste pendant six mois, sinon on risque de souffrir de symptômes chroniques, car le nerf aura été endommagé. Si les douleurs et la perte de force sont importantes, mieux vaut se faire opérer le plus tôt possible.

Il existe différentes méthodes d’intervention. S’il faut retirer la hernie, nous procédons à une courte intervention chirurgicale par laparoscopie qui permet d’enlever le renflement et de vous remettre rapidement sur pied. Cela ne garantit cependant pas que vous ne développerez pas une nouvelle hernie.

En cas d’usure importante du disque, une telle opération est souvent techniquement impossible. On opte alors généralement pour la décompression (lire encadré), une procédure qui épargne les muscles et dont la plupart des patients se remettent complètement au bout de six semaines. À tel point qu’il faut souvent ralentir leur rythme de vie pour éviter une reprise trop intensive.»

Les nerfs pincés

Une cause fréquente de mal de dos chez les 50+? Les nerfs qui traversent le canal central de la vertèbre ont de moins en moins d’espace. Ce rétrécissement est dû à l’usure des disques intervertébraux et des articulations (arthrose). Cela provoque une pression et une douleur au niveau des nerfs. Un exemple typique: après avoir marché 500 mètres, vous remarquez que vos jambes se bloquent et vous devez faire une pause avant de pouvoir continuer. Si la douleur persiste longtemps, une décompression peut apporter une solution. Elle consiste à retirer chirurgicalement la capsule interne du canal central, ce qui permet de redonner de l’espace aux nerfs. Il s’agit de l’une des opérations les plus couramment utilisées pour ce type de plainte.»

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