Le syndrome post-polio

Ceux qui, enfant, ont eu la polio font faire face à des problèmes de santé des dizaines d’années plus tard. Désormais, le syndrome post-polio est reconnu en tant que maladie chronique.

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Les patients souffrant de post-polio ont souvent été envoyés d’un service à l’autre pour aboutir chez le le psychiatre. En effet, nombre de médecins ne connaissaient pas le syndrome et n’avaient aucune explication à fournir pour leurs patients qui, après avoir eu la polio des dizaines d’années auparavant, souffraient à nouveau de fatigue et de faiblesse musculaire. Des patients se sont associés pour créer,Postpolio Belgique, ayant pour vocation de défendre leurs intérêts.

 » Beaucoup de recherches ont été effectuées dans l’intervalle, explique le Dr Marc Lissens, spécialiste en médecine physique et revalidation. Le syndrome post-polio frappe ceux qui ont eu la polio durant la période précédant la vaccination obligatoire dans notre pays et qui y ont survécu, souvent avec des séquelles : paralysie de certains groupes musculaires. Une infection de la polio endommage 50 à 80 % des neurones moteurs de la moelle épinière, lesquels ne se réparent que partiellement. « 

Des neurones surmenés

 » Chez une personne normale, un neurone de la moelle épinière assure l’innervation de près de 500 fibres musculaires dans un muscle de la cuisse, chez une personne ayant eu la polio, ce même neurone va devoir innerver 3.000 à 5.000 fibres musculaires, poursuit le Dr Lissens. Il peut remplir cette tâche durant un certain temps avant de déclarer forfait. Ces patients voient leurs forces faiblir à la suite de la perte de fibres musculaires et présentent à nouveau : fatigue, affaiblissement et atrophie musculaires, douleurs musculaires,...

Selon mon expérience et celle de nombreux scientifiques, les symptômes se manifestent plus rapidement chez ceux qui ont effectué un travail plus intensif. Donc davantage chez les ouvriers que chez les employés. Le surmenage est un facteur déclenchant. « 

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Difficile, physiquement et mentalement

Toute personne ayant eu la polio court le risque de développer le syndrome post-polio. Tôt ou tard, la plupart des patients présentent des symptômes, même s’ils ne savent pas toujours qu’ils sont attribuables à la polio subie des années auparavant.

Ces patients ont souvent une grande force de caractère. Ils ont généralement exercé une profession normale. Il leur est d’autant plus difficile d’accepter de devoir soudainement renoncer à certaines activités, voire à leur travail. Ils font face à ce nouveau coup du sort, physique et mental.

Il n’y a pas de traitement pour le syndrome post-polio. Les patients doivent accepter leurs limites physiques. À cela s’ajoute l’incompréhension. La majorité des médecins a désormais déjà entendu parler du syndrome, mais l’entourage direct fait parfois preuve d’incompréhension. Le syndrome post-polio est reconnu au titre de maladie chronique et donne droit à un remboursement majoré des prestations de kinésithérapie. « 

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Pas de revalidation trop intensive

Les kinésithérapeutes ne connaissent souvent pas bien le problème. Beaucoup ont tendance à revalider ces patients comme s’il fallait reconstruire leur système musculaire après une maladie ou une opération. Ils vont donc faire des exercices souvent trop intensifs. Or, les exercices devraient consister à préserver les muscles dont dispose encore le patient, et à maintenir la souplesse. Les exercices doivent être exécutés à moins de 50 % de la force maximale que peut développer le patient. »

Et les médicaments ?  » A part les vitamines et les compléments alimentaires pour consolider les muscles (carnitine et coenzyme Q10), il n’y a pas de traitement.

Autre piste intéressante : la sclérose amyotrophique latérale (SAL, affection neuromusculaire progressive) qui attaque les mêmes neurones moteurs de la moelle épinière. On espère qu’un traitement éventuel de la SAL ait des effets bénéfiques pour les post-polios. Mais les recherches sont encore en cours. »

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La polio hier, aujourd’hui et demain

Les causes. La polio (poliomyélite) est provoquée par trois virus proches et touche surtout des enfants.

Les conséquences. La maladie passe presque inaperçue, telle une petite grippe. Chez un nombre limité de patients, le virus attaque des cellules de la moelle épinière, entraînant des paralysies de certains muscles ou groupes musculaires. 30 % des enfants touchés par la polio se rétablissent complètement, 30 % conservent une légère paralysie ou faiblesse musculaire, 30 % des paralysies plus sévères. Dans 10 % des cas, la maladie touche les muscles respiratoires ou les muscles chargés de la déglutition.

La prévention. La polio était endémique dans nos régions au début du XXe siècle. Depuis 1955, on dispose d’un vaccin contre la polio, rendu obligatoire par un arrêté royal en 1966. Trois doses de vaccin sont obligatoires. La vaccination de rappel à l’âge de 5 ou 6 ans n’est pas obligatoire mais est vivement conseillée.

Le vaccin de rappel. L’utilisation de ce vaccin a entraîné l’éradication de la polio dans notre pays. Dans certains pays d’Afrique et d’Asie (Inde, Nigeria, Pakistan, Afghanistan), la maladie demeure présente. D’où l’importance d’envisager une vaccination de rappel contre la polio quand on se rend dans ces pays.

Les avantages et inconvénients. Le vaccin contenant des virus vivants est peu onéreux et facile à administrer. En revanche, certains virus peuvent subir des mutations dans les viscères, redevenant actifs et susceptibles de déclencher la polio. Ce risque a été estimé à 1 cas par 2,5 millions de doses administrées.

L’alternative. Afin de réduire les inconvénients des vaccins, le gouvernement a décidé, le 1er janvier 2001, d’opter pour le vaccin antipolio injectable.

L’avenir. Tant que la maladie ne sera pas éradiquée au niveau mondial, la vaccination restera indispensable, même dans notre pays.

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Info : www.postpolio.be

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