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Ménopause: plus de limite d’âge pour le traitement hormonal de substitution

Jusqu’il y a peu, pour soulager les symptômes de la ménopause, on préconisait un traitement hormonal de substitution (THS) pour une durée et des doses aussi réduites que possible. Mais les choses changent..

Le cardiologue Pedro Brugada a récemment souligné que de nombreux avis médicaux sont radicalement différents de ceux recommandés il y a cinq ans. La médecine semble évoluer plus vite que jamais. C’est également le cas dans l’approche des symptômes liés à la ménopause.

«Les directives relatives au THS étaient jusqu’à présent très prudentes, mais il y a du changement dans l’air, constate le Pr Herman Depypere (UZ Gent), gynécologue et président de la Société belge de la ménopause. Cette thérapie est utilisée depuis plus de soixante ans et de nouvelles études révèlent de plus en plus d’avantages. À l’origine, les recherches portaient uniquement sur le juste dosage du traitement. À l’heure actuelle, les thérapies sont basées sur des hormones bio-identiques, similaires à celles produites par le corps. En outre, elles peuvent être administrées par voie cutanée sous la forme d’un gel, d’un spray ou d’un patch. L’avantage? Les œstrogènes ne passent pas par le foie, mais sont rapidement absorbés dans la circulation sanguine via les cellules de la peau et se propagent ainsi aux différents récepteurs d’œstrogènes dans le corps.»

Sans risque pour les seins

Environ trois quarts des femmes souffrent de symptômes liés à la ménopause dus à la chute drastique des hormones féminines: bouffées de chaleur, troubles du sommeil, fatigue, peau et cheveux plus fins, sécheresse vaginale ou irritabilité. Les œstrogènes sont impliqués dans des centaines de processus corporels, ce qui peut être à l’origine d’une grande variété d’inconforts qui ne sont pas toujours reconnus. «La génération actuelle de THS naturels est en mesure de soulager de nombreuses femmes. Pendant longtemps, nombre d’entre elles se sont montrées très réticentes en raison d’informations erronées provenant d’une étude plus ancienne utilisant des hormones de synthèse. Elles craignaient que ce traitement augmente le risque de cancer du sein. Toutes les études indiquent que le traitement avec une faible dose d’hormones bio-identiques administrées via la peau ne comporte pas de risque pour les seins

Du cœur au cerveau

Non seulement un THS s’avère efficace pour soulager les troubles de la ménopause, mais un nombre croissant d’études soulignent également l’effet préventif de ces hormones. «Les œstrogènes protègent les vaisseaux sanguins de l’artériosclérose. Lorsque leur nombre chute, les femmes courent un risque accru de contracter une maladie cardiovasculaire, mais le recours à un THS ralentit le processus d’obstruction des artères par la formation de plaques de cholestérol.»

Un THS a un impact similaire dans la prévention de l’ostéoporose. En effet, le phénomène de perte osseuse s’accélère à partir de la ménopause, augmentant le risque de fractures. Ce n’est pas négligeable quand on sait que le nombre de femmes décédant des conséquences de l’ostéoporose est supérieur à celui des femmes atteintes d’un cancer du sein.

Un effet bénéfique a été démontré sur le cancer du côlon et du rectum, comme sur le métabolisme, freinant le processus de perte musculaire. «Nous sommes d’ailleurs en permanence à la recherche de solutions optimales pour combattre les symptômes, prévenir les maladies et avoir un effet protecteur pour les seins.

Il n’y a plus de limite d’âge pour la prise d’un THS. Mais il faut être suivi par un médecin.

Trois groupes de femmes sont actuellement suivis dans le cadre d’une étude dédiée entre autres aux effets sur la masse musculaire et la graisse abdominale. Le premier groupe ne suit qu’un THS, le deuxième, un THS et un programme d’exercice et le dernier groupe ne fait que du sport. Si nous pouvons affiner l’approche et éviter la production de graisse abdominale, le risque de diabète et de cancer du sein sera également réduit.»

L’impact d’un THS sur la prévention de la démence chez les femmes ménopausées est une des perspectives les plus récentes. Une étude réalisée par l’UZ Gent et la Sorbonne a mis en évidence que les femmes qui portent le gène APO E4 à un stade précoce de la ménopause courent un risque accru de développer la maladie d’Alzheimer. Un THS a une action protectrice après seulement six mois, parce que les cellules cérébrales sont moins dégradées. D’autres recherches doivent encore le confirmer, mais l’étude démontre à nouveau que les hormones ont de grands effets sur notre corps.

Pour quelles femmes?

Toutes les femmes ménopausées devraient-elles suivre un THS, même si elles n’éprouvent pas de symptômes? «Non, affirme le Pr Depypere. Cependant, toute femme entrant en ménopause devrait consulter son gynécologue afin de faire un bilan de santé et d’examiner notamment le taux de cholestérol, les niveaux de vitamine D, la tension artérielle, l’hypertension lors de grossesses antérieures... Dans un avenir proche, les tests vérifieront la présence du gène APO E4 ainsi que d’autres facteurs. Ainsi, vous pourrez décider en tout état de cause si un THS est indiqué dans votre cas.»

Aussi pour les 60+

Pour éviter autant que possible les dommages dus à la perte d’hormones féminines, il est préférable de commencer un THS le plus tôt possible au cours de la ménopause si vous présentez des symptômes. Il peut se révéler utile même à plus de 60 ans. «Même dans ce cas de figure, vous pouvez y recourir en toute sécurité. Il n’y a plus de limite d’âge pour la prise d’un THS. L’important est d’être suivi par un médecin et de faire une mammographie après 75 ans. Vous voulez arrêter le traitement après des années? C’est tout à fait possible. Inutile de le diminuer progressivement. Si les symptômes réapparaissent après quelques semaines, vous pouvez à nouveau recommencer le traitement. Mieux vaut toujours le faire en concertation avec votre médecin.»

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