Test-Achats tape (encore) sur les doigts du pharmacien
Depuis 2008, l’association de défense des consommateurs s’échine à dénoncer les faux pas du pharmacien. Résultats de sa dernière enquête à l’appui, elle réclame l’instauration d’une formation continue obligatoire et d’un système de qualité pour les officines belges.
Reconnu légalement comme tel, le pharmacien reste le garant de la bonne délivrance des médicaments. Il se doit de conseiller le patient et de surveiller de près la bonne prise des produits délivrés. Or il ne semble pas toujours accomplir correctement son devoir. Selon le dernier » mystery shopping » mené dans 55 pharmacies belges par Test-Achats, le pharmacien n’est pas assez attentif aux possibles interactions médicamenteuses, responsables chaque année de près de 3% des hospitalisations.
Un pharmacien bien trop docile
Lors de ces visites surprises, le pharmacien était confronté à deux médicaments incompatibles en termes d’interactions, combinant chaque fois un médicament sous prescription et un autre en vente libre : un anticoagulant et de l’aspirine 500mg (risque d’hémorragie) ; une pilule contraceptive et un produit phyto à base de millepertuis (risque de saignements entre les règles et d’inefficacité de la pilule).
Dans le premier scénario, 22 pharmaciens ont mis le doigt sur l’interaction et remplacé l’aspirine par du paracétamol, contrairement aux 33 autres qui ont délivré les deux produits sans sourciller – alors que 7 d’entre eux avaient bel et bien détecté l’interaction. Les pharmaciens s’en sortent encore moins bien dans la seconde visite. Si 18 pharmaciens n’ont pas voulu délivrer le millepertuis ou ont conseillé de prendre un contraceptif supplémentaire, pas moins de 37 pharmaciens ont délivré les deux produits. Et tandis que 4 pharmaciens sur 5 ont tendu la boite de contraceptif sans poser aucune question ni donner aucune explication, deux ont même vendu une boîte de millepertuis périmée...
» Résultats lamentables «
Sur les 51 pharmaciens interrogés à deux reprises, 21 sont donc tombés dans le panneau et ont délivré les deux médicaments, 22 ont correctement réagi dans l’un des deux scénarios. Seuls 8 pharmaciens ont posé les bons gestes dans les deux cas. Pire : la moitié des pharmaciens n’ont pas posé la moindre question en remettant le petit sachet à leur ‘faux’ patient. Des résultats tout bonnement scandaleux pour Test-Achats. » Le pharmacien ne se montre pas du tout à la hauteur de son rôle de prestataires de soins « , a souligné Ann Lievens, auteur de l’enquête et... pharmacienne. » Il ne pose pas assez de questions et ne maitrise pas l’historique de son patient. Or il doit être bien plus qu’un simple vendeur de boîtes sympa « .
L’association de défense des consommateurs dénonce les failles de la profession depuis quatre ans déjà. » Nos pharmacies ressemblent de plus en plus à des drugstores à l’américaine « , s’insurge Jean-Philippe Ducart, son porte-parole. » Pour mettre fin à cette approximation, nous voulons que la formation continue soit rendue obligatoire et qu’un système d’indicateurs de qualité soit imaginé sur le modèle des Pays-Bas pour mettre en lumière les différences inter-officines « .
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