Tournis, vertiges et étourdissements: les causes possibles
Se relever et constater que tout tourne autour de soi, c’est angoissant! La cause la plus fréquente de ces vertiges est à chercher du côté de l’oreille interne. Gênant mais heureusement facile à traiter.
Certains mouvements peuvent déclencher des vertiges: bouger la tête un peu vivement, se retourner dans son lit, regarder vers le haut pour suspendre du linge… «On ne connaît pas réellement les causes exactes du vertige positionnel paroxystique bénin (VPPB), mais on a constaté qu’il survient plus fréquemment avec l’âge. Parmi les déclencheurs possibles, je citerais un alitement prolongé, une opération au niveau de la tête ou des oreilles ou encore un traumatisme crânien, par exemple après une chute. Cela dit, les vertiges peuvent aussi survenir spontanément», énumère le Pr Marc Lammers, oto-rhino-laryngologue (Centre des troubles de l’équilibre à l’UZ Antwerpen).
Cristaux qui se baladent
«Ces phénomènes peuvent provoquer un détachement des cristaux de l’oreille (ou otolithes), comparable à des grains de sable situés dans la couche gélatineuse de l’oreille interne qui, elle-même, abrite l’organe de l’équilibre. Les cristaux se retrouvent alors dans les petits canaux semi-circulaires de l’oreille interne, où ils s’accumulent, influençant ainsi la circulation des fluides. Le cerveau enregistre un mouvement qui a en réalité déjà cessé. D’où les vertiges ou étourdissements ressentis quand on bouge la tête. Ceux-ci s’atténuent en général au bout d’une minute d’immobilité, mais recommencent dès qu’on remue à nouveau la tête. L’organe de l’équilibre comprend trois canaux. Dans 95% des cas, les cristaux migrent dans la partie la plus postérieure et impactent surtout les mouvements d’avant en arrière, comme le fait de se coucher ou de se relever. Quand les cristaux se trouvent dans les canaux antérieurs, les vertiges surviennent plutôt lorsqu’on se tourne sur le côté.»
Les secret d’une bonne stabilité
Trois éléments entrent en jeu dans l’équilibre du corps et la stabilité du regard: l’oreille interne, les yeux et les récepteurs musculaires, articulaires et tendineux. Autant d’organes de l’équilibre qui sont tous reliés entre eux et envoient des informations sur la posture du corps. Ces informations sont envoyées via les voies neuronales au cerveau qui, à son tour, donne des instructions pour que le corps réagisse comme il se doit à telle ou telle situation et reste en équilibre. Lorsqu’un de ces trois systèmes est perturbé, comme dans le cas d’un VPPB, les deux autres essaient de compenser. D’où l’importance d’entretenir leur plasticité!
Faire le test
Pour déterminer s’il s’agit ou non de vertiges positionnels, il faut faire un test: la manœuvre de Dix Hallpike, qui cible principalement le canal postérieur. Le kiné vous fait asseoir sur la table de massage, tête droite, puis tourne votre tête de 45 degrés sur la droite ou sur la gauche, avant de vous recoucher vivement sur la table, tête légèrement en arrière. «Au bout de quelques secondes, on voit si cela déclenche des vertiges et on vérifie avec des lunettes spéciales si les yeux du patient font des mouvements circulaires. Cela nous permet de déterminer où le problème se situe. Ensuite, on pratique encore une série de tests du même genre pour voir ce qu’il en est des canaux dans l’oreille.»
Traitement par rotations
Les vertiges positionnels déclenchés par des mouvements de la tête se traitent en imposant au patient… des mouvements selon une manœuvre spécifique. La manœuvre dite d’Epley associe des rotations successives de la tête et du corps, avec de courtes pauses entre elles. Le but est de remettre progressivement les cristaux en place. Comme il s’agit de mouvements très précis, mieux vaut s’en remettre aux mains expertes d’un médecin ou d’un kinésithérapeute. Il faut ensuite attendre au moins 48 heures, le temps que les cristaux reviennent en place, et éviter de trop bouger ou de faire du sport. Parfois il suffit d’une manœuvre, mais il n’est pas rare de devoir répéter la gestuelle. «Comme on n’a aucun moyen de voir ce qui se passe dans l’oreille interne, on ne s’explique pas pourquoi la manœuvre ne réussit pas forcément du premier coup. Il y a sans doute une différence entre les cristaux agglomérés en un seul tas ou en plusieurs, plus résistants au traitement. On ne recommande aucun traitement médicamenteux pour ce type de vertiges, car cela agirait surtout sur le système nerveux. Cela peut, certes, aider dans les cas les plus aigus, mais cela n’aura pas d’impact pas sur les cristaux de l’oreille.»
La marche est essentielle pour améliorer la stabilité globale, puisqu’elle fait intervenir quantité de stimuli au niveau cérébral.
Réagir à temps
Il arrive que les traitements de kiné vestibulaire ne résolvent pas le problème. À partir de 60-65 ans, les vertiges peuvent avoir d’autres causes que l’oreille interne. Il faut alors vérifier s’il ne s’agit pas de chutes de tension. «Des VPPB qui ne sont pas traités à temps peuvent devenir chroniques, par exemple chez un patient qui aurait déjà perdu de sa stabilité à cause de troubles de l’audition ou de l’équilibre. À terme, le sens de l’équilibre peut aussi s’altérer si le cerveau capte de manière répétitive des signaux erronés envoyés par l’oreille interne. Même quand les cristaux se sont remis en place, il arrive que les vertiges subsistent quand on bouge.»
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Exercer son équilibre
Les manœuvres de type Epley constituent le premier traitement, mais les exercices d’équilibre ont aussi tout leur intérêt. Après un épisode de vertiges, il n’est pas rare que l’on ait peur de se remettre à bouger la tête. «La personne risque de se crisper et de provoquer ainsi d’autres problèmes. Pour éviter cela, un kiné peut vous faire faire des exercices pour renforcer votre sens de l’équilibre. Il suffira ensuite de continuer seul, chez vous et toutes les fois où vous serez confronté à des situations d’équilibre précaire», recommande Lien Van Laer, kinésithérapeute.
Les exercices d’équilibre consistent en un mélange de mouvements statiques et dynamiques. Parmi les exercices statiques, citons le fait de se tenir debout pieds joints ou un pied devant l’autre, en ligne, tout en regardant alternativement à gauche et à droite, vers le haut et vers le bas. Commencez par bouger la tête lentement, puis accélérez petit à petit le mouvement. Au début, la tête risque de vous tourner un peu, mais à force de répétitions votre cerveau va s’adapter et les vertiges vont diminuer. Sinon, persistez et faites-le les yeux fermés. Car, parfois, la composante visuelle domine le système d’équilibre du corps. Si vous vous exercez seul chez vous, mettez-vous dans un angle de la pièce, avec une chaise à proximité pour éviter de tomber.
Les exercices dynamiques, quant à eux, se font en marchant et en bougeant la tête. Sans oublier les exercices fonctionnels qui font partie de la vie quotidienne: sortir se promener, se pencher en avant, ramasser quelque chose par terre ou attraper un objet en hauteur. «Cela permet d’améliorer l’orientation spatiale, l’équilibre et la force musculaire. On n’empêche pas un éventuel VPPB de survenir, mais améliorer son équilibre permet de limiter le problème», assure le Pr Lammers.
Pourquoi marcher?
La marche est essentielle pour améliorer la stabilité globale, puisqu’elle fait intervenir toutes sortes de stimuli au niveau cérébral. «Quand on se promène en plein air, on est confronté à des facteurs imprévisibles, comme la nature du sol, l’environnement immédiat ou le trafic qui exigent qu’on s’adapte en continu et qu’on fasse des efforts pour garder sa stabilité, détaille Lien Van Laer. Et cela renforce l’équilibre global. Marchez autant que possible en pleine nature ou dans votre jardin. Si ce n’est pas possible, exercez-vous à l’intérieur sur des coussins en mousse ou des cartons.»
Astuce
Chez soi, on peut s’aider d’un appli gratuite contre les vertiges, Tavo, à télécharger via les appstores.
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