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Connaissez-vous ces « nouveaux » anglicismes ?

Les anglicismes sont partout et chaque année voit débarquer de nouveaux termes. Histoire de « rester dans le coup », voici une petite sélection de mots, à glisser en soirée… ou pour comprendre ses (petits-) enfants !

Le phénomène des anglicismes n’est pas neuf mais, au quotidien, la tendance s’accélère ces dernières années. Que ce soit au boulot, dans les cours de récréation ou dans la sphère privée, le langage se teinte d’anglais, parfois à raison – pour qualifier une réalité qui n’a pas d’équivalent en français –, parfois par snobisme.

Impossible de passer en revue tous les termes apparus ces dernières années, notamment dans le milieu du travail de bureau, totalement colonisé par les concepts de marketing à l’anglo-saxonne. De même, il serait compliqué de relever tous les termes découlant du « gaming » (le fait de jouer aux jeux vidéos) ou du « streaming » (le fait de diffuser ou consommer du contenu vidéo en ligne). Ils n’ont, dans la plupart des cas, d’intérêt que dans ces contextes. Encore que… Certains finissent par sortir de leur niche pour débouler dans le langage du quotidien.

On a préféré vous faire une petite sélection de mots entendus ces dernières années au détour d’une conversation entre collègues, sortis de la bouche de nos ados ou lus sur les réseaux sociaux, en tentant une petite définition, forcément maladroite (y a pas écrit Robert Larousse, ici). Il y a là déjà de quoi faire ! Pas de moquerie ici, même si, parfois, un équivalent français semble tomber sous le sens…

· Badass : Un(e) badass, c’est une fille ou un type balèze, au caractère bien trempé, quelqu’un de dur à cuire, qui n’hésite pas à jouer des poings lorsque ça s’avère nécessaire. Exemple : dans ses films, Dwayne Johnson joue souvent des rôles de badass, ce qui n’était pas nécessairement le cas de Paul Préboist. Le terme s’utilise en tant qu’adjectif ou substantif. Retenez le bien, on va l’employer ailleurs dans ce petit lexique.

· Ghoster : Ghoster une personne, c’est rompre soudainement tout contact avec elle, l’effacer de son horizon, faire comme si elle n’existait plus, ne plus répondre à ses appels/messages, voire effacer son numéro, sans même prendre la peine de l’en informer. Du jour au lendemain, pouf !, c’est comme si on ne s’était jamais rencontré. Bref, se faire ghoster n’a rien de très agréable… mais ghoster est parfois la meilleure marche à suivre face à une personnalité toxique !

· Manspreading et mansplainning : Deux comportements masculins, vieux comme le monde, pour lesquels il n’y a longtemps existé aucun mot. Vous le voyez, le monsieur badass dans le train, qui s’installe avec ses gros cuissots écartés sur le siège, débordant sur le vôtre et vous obligeant à vous recroqueviller ? Hé bien sachez qu’il s’adonne au manspreading. C’est non seulement peu courtois (on est tous d’accord) mais c’est aussi, selon certains mouvements féministes, une affirmation du pouvoir masculin, puisque visiblement, aucune femme ne s’assied comme ça. Au contraire, celles-ci auraient tendance à croiser les jambes pour occuper le moins d’espace possible.

Par contre, pour le mansplainning, il n’y a pas photo, c’est clairement sexiste. Pour la faire bref, c’est quand Monsieur reprend Madame avec condescendance, sur ce qu’elle devrait faire ou dire, parce que « c’est une femme et qu’elle n’y connait rien ». C’est dit tel quel ou peu subtilement sous-entendu. Le mansplainning est très courant autour de sujets considérés comme plus masculins (vin, bagnoles, armes de destruction massive…) et ce, même si l’interlocutrice en face de Monsieur est championne de sommellerie, pilote de rallye ou ingénieure du Projet Manhattan.

· Prank, pranker : mots très usités par les adolescents équipés d’un smartphone. Bref, par tous les adolescents. Un prank, c’est un canular, une farce, le plus souvent filmé et partagé sur les réseaux sociaux, visant à faire rire aux dépens de quelqu’un. Exemple : j’ai 14 ans et je me planque déguisé en clown tueur derrière la porte d’entrée. Quand papa rentre une bouteille de vin à la main, je fais un gros « bouh ! ». La bouteille tombe, éclate, il y en a partout, hahaha, mort de rire, plein de coeurs sur Tik Tok. Ou pas. Le gamin a eu son prank, le papa a été pranké (et va filer une rouste au gamin).

· Chill, chiller : c’est un peu le « cool » ou le « relax » d’il y a 20 ou 30 ans. Être chill, c’est être posé, tranquille, au calme. Chiller, c’est aussi se détendre, faire une pause, buller. D’où l’expression « Netflix & chill » d’il y a quelques années, déjà en perte de vitesse, qui n’était rien d’autre qu’un synonyme de « glander devant la téloche ». Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, comme disait l’autre.

· Bader : bader vient de l’anglais bad, qui signifie mauvais, désagréable, grave (et plein d’autres choses, car les Anglais sont champions de la polysémie). Bref, on se doute que le terme renvoie à quelque chose de pas super jojo. C’est en fait éprouver de la tristesse, de la nostalgie, une angoisse sourde, de la mélancolie. Un film qui fait typiquement bader, c’est un film où quand le héros meurt, on voit des vidéos de lui petit jouant dans la neige. Si vous ne l’aviez jamais vu, je viens de vous divulgâcher la fin de Philadelphia. Désolé.

· Brown out : Si tout le monde connaît désormais le burnout (dû à une surcharge de travail) et son contraire le bore out (dû à une sous-charge de travail), le brown out se situe un peu entre les deux, à dire vrai sa définition est assez vague, et se caractérise par une perte d’intérêt et de motivation au travail. Le brown out se déclenche souvent lorsqu’on exerce un « bullshit job » (encore un anglicisme, mais réellement employé en sociologie !), littéralement « un emploi à la con », soit un poste avec des tâches répétitives et peu intéressantes. Mais vous l’aviez probablement deviné.

· Quiet quiting et quiet firing : tant qu’à rester dans les termes relatifs à la démotivation au travail, parlons de ceux-ci ! Youpi ! Le quiet firing (« licenciement silencieux ») n’est rien d’autre qu’une voie de garage : il consiste à dégoûter le salarié en l’isolant avec des tâches sans intérêt, sans perspective d’évolution, pour le pousser à la démission. Ce qui est moins coûteux qu’un licenciement, pour autant qu’on le fasse avec subtilité… Oui, bon, c’est aussi moralement discutable et juridiquement répréhensible. Le quiet quiting (« démission silencieuse »), c’est tout l’inverse : le salarié ne quitte pas son travail, n’abandonne pas son poste et preste ses heures, mais s’en tient au strict minimum, en espérant être licencié. Par contre, pour la lettre de recommandation, il faudra repasser…

· Red Flag : Le red flag, c’est littéralement un drapeau rouge. Et à quoi sert un drapeau rouge ? Mmmh ? A attirer l’attention et à signaler un danger, pardi ! Lors d’un rencard, les reds flags sont tous les petits signaux subtils qui vous font vous dire que ça ne collera jamais avec la personne de l’autre côté de la table et que chacun va gentiment rentrer chez soi après le dessert. « Je vis avec ma maman » -> Red Flag ! « J’ai une attirance irrépressible pour les vertèbres cervicales » -> Red Flag ! C’est aussi valable pour les entretiens d’embauche (« Cette entreprise, c’est une vraie famille, vous savez ! ») ou les démarcheurs de rue (« Bonjour Monsieur, vous n’avez rien contre la jeunesse ? »)

· Cosy crime : Terminons par une note plus légère, un peu de littérature. Le « Cosy Crime » est un genre littéraire qu’on pourrait qualifier de « petit roman de gare, policier qui ne vaut pas tripette mais dont les personnages sont attachants, ça se lit tout seul ». Mais avouez que « Cosy crime » est tout de même plus rapide à dire. Comme quoi, c’est parfois bien utile, les anglicismes !

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