
Garder ses petits-enfants: comment éviter les tensions avec les parents?
S’occuper de ses petits-enfants, que ce soit de temps en temps ou très souvent, ouvre la porte à de nombreuses questions. Comment réagir si vous n’êtes pas d’accord avec les principes éducatifs des parents?
S’occuper de ses petits-enfants est une source de joie… mais aussi de questionnements. Faut-il intervenir quand ils refusent de manger leurs légumes? Comment réagir lorsqu’ils passent trop de temps devant les écrans ou répondent avec insolence? Prenons un exemple courant: Léa, 6 ans, regarde son dessin animé préféré. Sa grand-mère lui demande d’éteindre la télévision pour passer à table. Léa boude, refuse, puis claque la télécommande sur le canapé. À son retour, la maman de Léa demande si tout s’est bien passé. La grand-mère, un peu décontenancée, hésite: doit-elle tout raconter? Ou garder cela pour elle? Voici quelques pistes pour garder ses petits-enfants sereinement.
Quand des conflits peuvent-ils survenir avec les parents?
Une communication insuffisante ou inexistante conduit à coup sûr à des conflits. Si les grands-parents acceptent de garder régulièrement leurs petits-enfants, certaines choses doivent être discutées à l’avance. Et même une fois les choses en place, il ne faut jamais refouler ses contrariétés ni ignorer les problèmes.
Que faut-il régler préalablement?
En premier lieu, des points pratiques tels que l’alimentation de l’enfant, l’heure du coucher, le temps passé à regarder la télévision... Mais aussi certains aspects psychologiques ou une éventuelle source de conflits. Qu’est-ce qui est essentiel pour les parents dans l’éducation? Sont-ils tous deux favorables à ce que vous gardiez leur enfant?
Il est aussi utile d’avoir une discussion franche avec son propre conjoint. Combien de temps souhaite-t-on consacrer aux petits-enfants, et combien à ses propres activités? Il est important d’informer les parents de la fréquence à laquelle on accepte de s’occuper des enfants, de rappeler qu’un engagement implique aussi qu’ils viennent chercher l’enfant à l’heure prévue, et qu’on peut tout à fait arrêter si cela devient trop fatigant.
Que faire si nos principes éducatifs sont différents?
Le point délicat par excellence: nos principes éducatifs ne correspondent pas toujours à ceux des parents. Chaque maison a ses règles, et il est normal que ces règles s’appliquent lorsqu’un enfant est en visite chez ses grands-parents. Ces règles doivent néanmoins rester compatibles avec celles des parents. Il est également important de prévenir ces derniers si des règles différentes sont appliquées, afin d’en discuter sereinement.
Exemple: chez lui, votre petit-fils peut quitter la table lorsque les autres sont encore en train de manger, mais vous n’aimez pas cela. Dans ce cas, il est tout à fait acceptable de lui demander de rester assis un peu plus longtemps à table. En revanche, si les parents suivent un régime végétarien strict, il n’est pas question d’introduire de la viande dans l’alimentation de l’enfant lors des visites.
Faut-il toujours se taire?
Pas forcément. La diplomatie et l’humour sont souvent les meilleures armes, surtout dans les relations entre belles-mères et belles-filles. Lorsqu’on souhaite donner un conseil, il vaut mieux le faire avec délicatesse, par exemple en formulant une suggestion sous forme de question ou d’observation bienveillante. Et lorsqu’une erreur est commise, il ne faut pas hésiter à présenter des excuses.
Peut-on gâter ses petits-enfants?
Oui, mais avec discernement. Il faut éviter les excès matériels, qui peuvent donner l’impression qu’on cherche à acheter l’amour de l’enfant, ou les excès éducatifs, comme céder à tous ses caprices. Ces dernières attitudes peuvent mener à une perte d’autorité et à un déséquilibre dans la relation.
Un cadeau ne doit pas nécessairement être matériel. Certaines études démontrent clairement que passer du temps en famille figure en tête de liste des souhaits des enfants. N’hésitez donc pas à leur proposer une activité (parc d’attraction, zoo...) en lieu et place d’un cadeau à déballer.
Les démonstrations d’affection – câlins, moments partagés devant un dessin animé, jeux, – sont largement recommandées. Ce sont elles qui construisent de vrais souvenirs.
Quoi qu’il en soit, consulter les parents avant d’acheter un cadeau est recommandé. Certains ne voient pas d’objection à ce que leur enfant se déguise en cow-boy pour s’amuser tandis que d’autres refusent que des armes en plastique entrent chez eux.
Peut-on les punir?
Il est normal d’imposer ses limites et de fixer un cadre. Et si l’enfant enfreint de manière répétée une règle de la maison, il est tout à fait approprié d’envisager une conséquence. Une première remarque peut suffire, mais il est important de prévenir l’enfant qu’en cas de récidive, une punition sera appliquée – et de s’y tenir. Par exemple, interdire les écrans ce jour-là peut suffire. Il est toutefois important d’en informer les parents, en expliquant ce qui s’est passé.
Peut-on dire « non »?
Oui, bien sûr. Il faut pouvoir refuser, par exemple, de garder les enfants si les parents n’ont pas trouvé de baby-sitter à la dernière minute. Beaucoup de grands-parents n’osent pas dire non, croyant devoir être toujours disponibles. Or, sauf situation d’urgence, comme un petit-enfant malade ou un vrai empêchement pour les parents, c’est l’agenda des grands-parents qui doit primer.
Il ne faut pas culpabiliser: les enfants comprennent que leurs parents aussi ont une vie. Dire toujours oui revient à s’exposer au risque de devenir une nounou à plein temps, souvent non consentie.
Peut-on demander un remboursement des frais?
Ce point doit être clarifié dès le départ. Certains grands-parents ne demandent rien, mais d’autres n’ont peut-être pas les moyens (ou l’envie) de subvenir à tous les besoins de l’enfant. Dans ce cas, il est normal que les parents remboursent les frais liés à la garde: couches, vêtements, nourriture. Si les trajets en voiture sont fréquents, une compensation pour le carburant est également légitime. Une méthode simple consiste à noter les frais au fur et à mesure, puis à faire un petit décompte hebdomadaire.
Que faire lorsqu’on remarque que notre petit-enfant a un problème ou se drogue?
Il arrive assez fréquemment que les grands-parents décèlent un problème avant les parents. Un bambin qui éprouve des difficultés à parler, par exemple. Un enfant de 9 ans qui présente un retard de lecture, d’écriture ou de calcul. De l’argent qui a disparu d’une manière inexplicable de votre porte-monnaie après la visite de votre petit-fils de 16 ans.
Dans ce cas, il est essentiel d’en parler aux parents, mais toujours avec tact et diplomatie. Une formulation prudente – en évoquant une simple inquiétude – est préférable à une accusation directe.
Publié initialement en 2009, cet article a été actualisé pour tenir compte des sensibilités et réalités éducatives d’aujourd’hui. Merci à Rosina Bonnaerens, éducatrice spécialisée dans les relations entre grands-parents et petits-enfants, pour ses conseils toujours pertinents.
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