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Le bonheur est à son apogée après 60 ans

Toutes les études le prouvent : c’est après 60 ans, plein d’énergie mais débarrassé d’un bon nombre de contraintes et de stress, qu’on est le plus heureux.

« Ceux qui s’étonnent de voir certains sexagénaires irradier de bonheur attachent trop d’importance à l’aspect physique », explique l’auteur Manu Adriaens, qui a cartographié le phénomène de façon scientifique. C’est un fait, le corps commence à montrer quelques défaillances mais pas de quoi s’affoler. L’analyse du sentiment de bonheur ressenti au cours de l’existence fait apparaître une courbe en U.

« Jusqu’à 25 ans environ, on envisage l’avenir avec insouciance et optimisme. La courbe fléchit ensuite pour atteindre son seuil minimal vers 45 ans. » À cet âge, mener de front vie privée et vie professionnelle est plutôt éprouvant pour la plupart d’entre nous. De façon assez ironique, au moment où la plupart sont au summum de leur carrière, ils doivent en plus s’occuper des enfants qui grandissent et des parents qui nécessitent de plus en plus d’attention.

« La courbe du bonheur repart ensuite à la hausse, progressivement, pour atteindre un nouveau pic à l’âge de 65 ans. »

Marie-Claire, 63 ans

 » À 60 ans, j’ai dû fermer mon commerce pour raisons de santé. Un grand trou noir s’est ouvert devant moi. Après les contacts quotidiens avec la clientèle, je redoutais la solitude plus que tout. Cela ne fut pas le cas. Je suis aujourd’hui bien plus heureuse qu’à 40 ans. Finies les obligations. Je fais aujourd’hui ce que je veux. Je profite intensément de ce rythme de vie tranquille. J’ai enfin le sentiment de vivre pleinement. Un vrai bonheur !  »

Le bonheur passe par le souci de l’autre

« Si la vie est plus trépidante à 25 ans qu’à 65, les sexagénaires apprécient plus la vie, leurs connaissances, leurs possessions et leurs capacités », explique le chercheur Bert Van Landeghem (University Sheffield). Les sexagénaires sont plus résilients et sont moins vite déstabilisés.

Le sociologue néerlandais Ruut Veenhoven a constaté que passé 60 ans, les Européens retrouvent le même degré de plénitude qu’à 18 ans. « Outre la disparition de l’angoisse du temps qui passe, le réajustement des attentes et l’acceptation jouent également un rôle. En vieillissant, on se consacre davantage aux autres et c’est ce qui nous rend heureux ! ».

L’auteur américain Jonathan Rauch observe même une recrudescence de la courbe de bonheur jusqu’à 80 ans. « Le plus surprenant, c’est que, comme le montre la courbe, l’impression de bonheur s’intensifie avec le temps, à condition bien sûr que rien ne vienne perturber le cours normal de la vie comme un divorce, une maladie grave ou d’autres problèmes », commente Jonathan Rauch.

Roland, 88 ans

« Je suis d’une nature résolument positive et optimiste et suis toujours prêt à rendre service. Je ne me suis jamais plaint, même quand j’étais confronté à des problèmes au travail quand j’avais 40 ans. Depuis que je suis retraité, je fais chaque jour du bénévolat pour différentes associations et je suis actif dans le voisinage. J’aime par-dessus tout aider les autres et je ne m’en prive pas maintenant que j’ai tout le temps. »

Gènes et état d’esprit

« Tous les sexagénaires n’ont pas une vision plus exaltante de la vie, c’est certain, reconnaît Manu Adriaens. Je le sais par expérience. Une de mes amies qui connaît de gros problèmes de santé depuis la soixantaine vient de s’entendre dire qu’il était inutile de poursuivre le traitement... Cela peut paraître évident mais pour être heureux, il faut que les circonstances soient un minimum favorables.

Le bonheur est une question de chance pour 50% environ. Les circonstances y sont pour 10%. Deux facteurs sur lesquels on n’a pour ainsi dire aucune prise mais les 40% restants dépendent de notre façon de voir les choses. Ce constat repose sur une étude américaine basée sur l’analyse du journal intime de dizaines de bonnes soeurs à leur entrée au couvent. Leurs écrits ont été analysés bien des années plus tard et la conclusion est sans appel : celles qui avaient adopté une vision optimiste dès le début ont vécu plus longtemps. Concentrez-vous sur les 40% et adoptez une attitude positive. »

Plus on vieillit, plus on deviendrait grognon. Une idée reçue que réfute le professeur de neuropsychiatrie André Aleman, auteur du livre « Le Bel Âge du cerveau ». « Au contraire, en cas de coup dur, on est capable de relativiser et on prend plus le temps de réfléchir à une solution. »

Marleen, 64 ans

« Ma vie est devenue moins chaotique à mon 60e anniversaire. Fini le réveil qui sonne à 6 h du matin. Fini le petit déjeuner debout, sur le pouce, tout en débarrassant la table. Je déjeune en pyjama à mon aise. On a fort à faire à la quarantaine et l’éducation des enfants n’est certainement pas le plus simple. Entre le boulot à temps plein, les enfants, le ménage, les formations et le remboursement de la maison, je n’avais pas beaucoup de temps pour moi.

Je préfère de loin mes 64 ans. Je peux enfin profiter des plaisirs de la vie, voyager, me promener, faire du vélo, m’occuper de mes petits-enfants sans devoir leur dire « Maman n’a pas le temps ! », comme à mes enfants à l’époque. Encore faut-il être en bonne santé et ne pas devoir trop s’occuper de ses parents... »

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