Marilyn Monroe et Tony Curtis dans «Certains l'aiment chaud». © Getty Images

Madame veut et Monsieur pas: quand une libido à deux vitesses provoque des tensions dans le couple

Les hommes ne pensent qu’à ça, c’est bien connu! Mais en est-on bien sûr? Car dans certains couples, c’est plutôt la femme qui exprime son désir et Monsieur qui tente vaille que vaille de la suivre. Pourquoi ce décalage, et comment mieux concilier ces différences de libido?

«Nymphomane: femme qui aime autant le sexe que l’homme moyen»! Voilà en substance ce qu’écrivait Mignon McLaughlin, auteure et journaliste américaine, connue pour ses aphorismes acerbes sur l’amour et le mariage. Aujourd’hui abandonné par la médecine, le mot lui-même est révélateur d’une idée reçue qui a encore la vie dure: on attend des femmes qu’elles aient moins d’appétit sexuel que les hommes. Et gare à la réputation de celles qui ne se conforment pas à ces préjugés sexistes! Au XIXe siècle, la nymphomanie était d’ailleurs vue comme une maladie mentale. Certains médecins allant jusqu’à faire interner celles qui en étaient soi-disant atteintes ou à pratiquer des interventions sexuelles mutilantes.

Une libido qui explose

Or, non seulement de nombreuses femmes bien dans leur peau aiment faire l’amour autant que leur partenaire, mais dans certains ménages, ce sont elles qui prennent l’initiative!

«C’est un décalage que je rencontre de plus en plus dans mes consultations», confirme la sexologue et thérapeute Lidwine Arendt. Reste qu’après la cinquantaine, les femmes connaissent souvent une baisse de libido. Notamment pour des raisons hormonales. Mais là encore, ce n’est pas le cas pour toutes. Passé cet âge, d’autres voient au contraire leur désir sexuel passer à la vitesse supérieure!

«Après cinquante ans, le désir des femmes peut augmenter pour différentes raisons. Certaines ont des craintes par rapport à leur féminité. Elles éprouvent inconsciemment le besoin de plaire pour se rassurer et prennent les devants au lit», souligne Lidwine Arendt. Pour d’autres au contraire, ce cap est vécu comme une libération. «À cet âge, certaines femmes ont appris à accepter leur corps et à assumer leur sexualité. Elles se sentent libérées des cycles hormonaux, des obligations familiales. Elles vivent alors une véritable explosion sexuelle.»

Mère, épouse ou amante?

Mais si le rôle de moteur érotique du couple peut être joué par Madame, ce n’est pas toujours parce que Monsieur a une libido plus flegmatique que celle de sa moitié. C’est parfois dû à l’image que cet homme a de la masculinité, des femmes en général et de la sienne en particulier. «Certains hommes ont intégré l’idée que l’initiative amoureuse fait partie de leur rôle. Ils peuvent se sentir dépossédés de leur virilité et voir leur appétit sexuel baisser lorsqu’une femme leur fait des propositions. Surtout lorsque celle-ci est leur compagne habituelle», souligne encore Lidwine Arendt. Certains ont aussi du mal à concilier l’image de la mère ou de l’épouse qui vit à leur côté, avec celle de l’amante passionnée de l’autre. Ils peinent alors à éprouver du désir pour leur compagne, même lorsque les enfants ont depuis longtemps quitté le nid.

J’ai envie de… chicons au gratin

Comme dans la situation inverse, cette libido à deux vitesses est susceptible de provoquer des tensions dans le couple. Pour expliquer cette dynamique négative, Lidwine Arendt a recours à une image culinaire bien belge, celle des chicons au gratin! «Imaginez une femme qui s’approche de son mari et lui susurre: Je suis affamée, je nous ai préparé des chicons au gratin. Mais son mari n’a pas faim. Ou il n’a pas envie de chicons. La femme va alors se sentir rejetée, même si en réalité c’est seulement son plat qui l’est. En sexualité, c’est la même chose. C’est la demande sexuelle qui est refusée, pas la personne. Mais généralement les femmes se sentent frustrées par un refus et se posent des questions sur leur féminité, sur le désir de l’autre vis-à-vis d’elles. C’est vrai des hommes aussi au demeurant. Lorsque les fins de non-recevoir se multiplient, la femme finit par abandonner la partie et par choisir la masturbation. Elle peut aussi être tentée d’aller voir ailleurs.»

Restaurer la connexion

Mais que faire dès lors pour éviter à ces frustrations de s’envenimer? «Il faut tout d’abord rétablir le dialogue. Chacun dans le couple doit apprendre à communiquer ses besoins, ses envies, ses limites, en partant des faits et de son ressenti, conseille Lidwine Arendt. Celui du couple qui a le moins de désir peut également travailler sa libido, si tel est son souhait. Il peut lire des livres, regarder des BD ou des films érotiques, imaginer des scénarios qui vont nourrir son imaginaire érotique. Il peut aussi parler de ses fantasmes à sa partenaire, de ce qui déclenche son désir».

Les amants peuvent en outre s’accorder des moments pour explorer mutuellement leurs corps, recourir aux jeux érotiques et même au jeu tout court. «L’important, note la sexologue, est de restaurer une connexion dans la légèreté et la simplicité. Ce qui peut prendre du temps.» Enfin, il peut être nécessaire de comprendre l’origine des «Pas ce soir, chéri(e)»: anxiété d’un des conjoints, soucis de santé, évolution de la libido… Sur ce chapitre, l’aide d’un thérapeute est souvent indispensable pour retrouver un nouvel équilibre amoureux.

Messaline ou Casanova?
Qui des femmes ou des hommes possède la libido la plus élevée? D’innombrables études ont tenté de répondre à cette question quasi existentielle. Avec des résultats parfois contradictoires, la définition de libido étant par ailleurs sujette à différentes interprétations. Pour en avoir le cœur net, des chercheurs allemands ont analysé plus de deux cents travaux scientifiques portant sur 600.000 personnes réparties dans le monde entier. Verdict? En moyenne, ce sont bien les messieurs qui sont les plus portés sur la bagatelle. Ils pensent plus souvent au sexe et ressentent plus fréquemment des envies coquines. Ils pratiquent aussi plus régulièrement la masturbation. Mais il y a un mais. Et de taille. Entre 24% et 29% des femmes affichent une libido plus impétueuse que celle du mâle moyen! De quoi relativiser sérieusement les a priori concernant les comportements des unes et des autres.

Contenu partenaire