© Photo Frank Bahnmüller

Voyager à vélo en solo, une bulle de bien-être

Le regard braqué vers l’infini, je pédale sans faiblir et sans personne pour me presser ou m’énerver: c’est comme ça que j’aime faire du vélo!

Si vous apercevez quelqu’un sur la piste cyclable le long de l’Escaut, en train de pédaler seul et pas trop vite sur son vélo Eddy Merckx d’occasion, il y a de fortes chances que ce soit moi! Peu importe les Speed Pedelec ou les groupes de touristes à deux roues qui me dépassent à toute allure. Je vais à mon rythme... et j’aime ça!

Pendant des années, je me suis efforcé d’avaler chaque semaine 40 ou 50 kilomètres sur mon vélo de course. Parfois, j’alternais avec des itinéraires plus courts à VTT. Au début, quand je me suis lancé, je pédalais régulièrement avec un groupe d’autres fanas de la petite reine et, aujourd’hui encore, il m’arrive de faire une sortie à vélo avec un ami qui a le même âge de moi. Mais voilà mon « coming out vélo »: en fait, c’est tout seul que je préfère pédaler!

Certes, une petite voix dans ma tête me souffle qu’il y a des tas de raison de ne pas le faire. Quid si je tombe? Si on me renverse? Si je crève un pneu? Quand on roule à deux ou à plusieurs, il y a quelqu’un pour vous prêter main forte ou témoigner. Ma raison me dit: « C’est vrai! ». J’ai souvent dû appeler ma femme parce que j’avais crevé. Et l’ami proche avec qui je pédale quelque fois emporte toujours un kit de secours dans son sac à dos. Il m’a même vu faire une syncope sur ma bécane!

Une question de liberté

Alors, pourquoi ai-je plus de plaisir à faire du vélo seul? Question de liberté! Le grand mot est lâché. Je pars quand je veux, je vais où je veux, à mon rythme et sur la distance qui me convient. Je ne dois pas me forcer pour suivre les autres et/ou espérer qu’on arrivera bientôt. Je ne dois pas chercher de sujets de conversation, ni trouver un jour qui convienne à tout le monde. Je choisis l’itinéraire qui me plaît et je m’arrête quand bon me semble. Je profite tranquillement du paysage et si je n’ai pas envie de sortir, je reste simplement à la maison.

Quand je fais du vélo seul, j’ai l’impression de pouvoir vraiment et totalement me vider la tête. C’est l’un des rares cas où j’arrive à ne penser à rien.

Mais le contraire peut se produire: je pédale et j’ai le cerveau en ébullition. Comment adapter notre maison à la transition énergétique? Remplacer les buis du jardin, oui mais par quoi? Où trouver le bon cadeau d’anniversaire pour l’aîné de nos petits-fils? Dans ces moments-là, il arrive que les solutions se présentent vite et, surtout, très simplement. Je me suis même surpris à parler à haute voix en pédalant... Le regard perplexe d’un cycliste arrivant dans l’autre sens me ramène en général à la réalité.

Une sorte de transe?

Est-ce une forme d’évasion ou de transe? Est-ce risqué? Pas vraiment, car d’une manière ou d’une autre mes sens restent en grande partie concentrés sur la route et le compteur kilométrique. C’est en quelque sorte un mix de routine douce et d’ivresse de la course. Autrement dit: je peux faire deux choses en même temps, ce qui n’est pas si fréquent pour un homme!

J’ai aussi remarqué que je ressens autant de « bonne » fatigue (les endorphines? ) que quand j’ai roulé avec d’autres cyclistes. Prendre un verre en terrasse ensemble après l’effort, parler de foot et de nos petits-enfants, ça, oui, cela me manque... Mais j’assume!

« Faire du sport dans sa bulle peut accroître le bien-être »

Les gens qui préfèrent faire du sport seuls peuvent très bien aimer faire d’autres choses en groupe et en tirer de l’énergie. Dans ma pratique, j’entraîne des jeunes athlètes qui se remettent d’une blessure et sont malheureux parce que leur corps n’est pas encore capable de retrouver le rythme des autres sportifs. Mais ils se sentent mieux après s’être d’abord entraînés seuls un certain temps. Le sport sert à se maintenir en forme et il n’y a pas de mal à vouloir rester dans sa bulle pour atteindre cet objectif. Se forcer ne ferait que créer de la frustration. La question la plus importante à se poser est la suivante: qu’est-ce qui me rend heureux lorsque je fais de l’exercice physique? Pour certains, il s’agira de pédaler ou de courir en groupe, pour d’autres de le faire seuls. D’ailleurs, l’un n’empêche pas l’autre!

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