Emile Hirsch dans Into the wild ou la force d'attraction de la nature en Alaska. © belgaimage

Voyager seul, quel sentiment de liberté!

Les voyages en solo ont le vent en poupe. À défaut d’un compagnon de voyage, on apprécie un surcroît de liberté. Mais comment s’y prendre pour que ce soit une réussite?

Oubliez l’image du jeune touriste, sac au dos, qui part tout seul faire du trekking en Asie du Sud-Est ou en Amérique latine pendant quelques mois. Depuis quelques années, de plus en plus de gens voyagent seuls et forment un groupe très hétérogène. Jamais notre société n’a compté autant de foyers d’une personne, et cela explique sans doute en partie l’augmentation des voyageurs en solo. Mais on peut aussi être en couple et choisir de partir seul de temps à autre, soit parce que l’un des deux a plus de congés que l’autre, soit simplement parce qu’on en éprouve le besoin.

Des rencontres

« Nous constatons que de plus en plus de gens partent seuls, confirme Frank Bosteels, gérant de l’agence de voyages Connections et ex-fervent du tourisme en solo. D’une part, nos voyages de groupe accueillent de plus en plus de célibataires et, d’autre part, de plus en plus de clients réservent un billet d’avion et une chambre d’hôtel single. Bien souvent, ils réservent aussi quelques visites guidées et des activités pour qu’une partie de leur programme comprenne des moments où ils peuvent rencontrer des gens. »

Car c’est sans doute cela le principal frein aux voyages en solo: la peur de se retrouver très seul pendant ses vacances. A tort, selon Frank Bosteels. « Les gens qui voyagent seuls cherchent plus vite à nouer des contacts. C’est même nécessaire, car on se sentirait très seul si on devait passer toute une journée sans adresser la parole à quiconque. Mais on serait étonné de voir à quel point la réaction des gens qu’on aborde est positive. »

Mieux, à en croire Frank Bosteels, on dit volontiers que qui voyage seul ne reste jamais seul, et c’est vrai! « Les couples qui voyagent à deux depuis longtemps sont parfois plus concernés par l’isolement. On dépend l’un de l’autre et on ressent moins le besoin de nouer des contacts. On reste en quelque sorte seul, mais à deux. Alors que ce qui est passionnant quand on voyage, ce sont les rencontres. On a, certes, envie de découvrir des endroits, de bien manger et de bien boire, mais ce qui marque le plus, finalement, ce sont les gens qu’on croise en chemin. »

6 apps pour voyageur en solo

  • Travello vous met en contact avec d’autres voyageurs, en tout bien tout honneur même si le nom de cet app peut prêter à confusion.
  • Travel Smart (de l’assureur Allianz) offre un accès rapide aux services locaux d’assistance médicale et d’urgence, avec des alertes actualisées.
  • Tourlina est dédiée aux femmes qui voyagent seules. Cette app vous permet d’entrer en contact avec des habitantes du coin et d’autres voyageuses.
  • Solotraveller livre une mine d’infos – mises à jour! – sur les cafés, hôtels, excursions... et vous met en contact avec d’autres voyageurs selon les critères de votre choix.
  • Pour trouver des étapes idéales quand vous voyagez seul, téléchargez Hostelworld et Couchsurfing.

Sortir de sa zone de confort

Et ce ne sont pas les occasions de rencontres qui manquent: dans les transports en commun, pendant une excursion, lors d’un cours de langue ou de cuisine locale... Mais l’endroit le plus évident, c’est sans doute l’endroit où vous logez.

« Si vous choisissez des auberges ou des hôtels pour petits budgets, vous lierez plus facilement connaissance », assure Frank Bosteels. Depuis quelques dizaines d’années, les auberges ont fait leur mue et ont évolué. Dans le temps, on devait se contenter d’un lit dans un dortoir, mais aujourd’hui la plupart proposent des chambres individuelles, ce qui attire un public moins jeune et plus aisé. En même temps, les auberges sont restées de véritables foyers de rencontre, avec des activités proposées, un salon et des jeux de société, une cuisine partagée...

« Il faut oser sortir de sa zone de confort, recommande Frank Bosteels. Partez au-delà des frontières de l’Europe occidentale. Si vous plongez dans une autre culture et un autre environnement, vous adresserez plus facilement la parole à d’autres voyageurs. » Ses suggestions: la Thaïlande, le Vietnam, l’Indonésie, la Bolivie, le Pérou... Ou moins loin: la Turquie et le Maroc.

« Si c’est la première fois que vous voyagez seul, vous quitterez forcément votre zone de confort, souligne Sander Van Den Broecke, auteur de The Solo Traveller’s Bible. Il ne faut pas faire un trek de plusieurs semaines au bout du monde pour expérimenter le voyage en solo. Une semaine à Amsterdam seul avec soi-même suffit déjà. Logez dans une auberge, inscrivez-vous à un atelier ou installez-vous à un bar avec un livre, et vous vous ferez sûrement des contacts. Au début cela peut faire peur, mais c’est normal. C’est ce petit stress qui rend tout plus intense. Et c’est, personnellement, ce que je préfère. Comme on n’est responsable que de soi, qu’on peut faire ce qu’on veut et qu’on ne doit tenir compte de personne, le voyage n’en est que plus intense. »

Gare aux prix!

Voyager seul(e) ne présente pas que des avantages. La plus grande injustice que pointent les touristes en solo est le prix qu’on leur réclame: ils paient souvent leur chambre plus cher par personne qu’un couple. Le business modèle des hôtels est calculé sur base du nombre de chambres réservées, et non d’après le nombre de personnes. Sans parler des autres postes de l’hôtellerie... Une chambre occupée par une personne rapporte donc moins, tandis que les frais, eux restent identiques. UFC, le Test-Achats français, a calculé qu’un voyage en solo, vol et hôtel compris, coûte en moyenne 52% de plus qu’en chambre à deux. Pour autant, les agents de voyage ne sont pas convaincus que les hôtels doivent modifier leur modèle.

« On peut voir les choses autrement. Les clients en solo ne sont plus relégués dans des petites chambres single: ils occupent seuls une grande chambre, ce qui explique le supplément », analyse Kristof De Smet, professeur de Tourisme à Erasmus et agent de voyage, notamment pour Rivages du Monde.

Pour éviter de payer trop cher, mieux vaut partir hors saison. Les croisiéristes proposent régulièrement des offres sans supplément single. C’est l’avantage de la basse saison: tout voyageur est le bienvenu quand les hôtels ou les bateaux ne font pas le plein! »

Et ce n’est pas tout: il y a d’autres moyens de limiter le (sur-)coût du logement. « Si vous n’avez pas envie de partager une chambre, un lit dans le dortoir d’une auberge reviendra toujours moins cher qu’une chambre particulière, assure Sander Van Den Broecke.

Il existe aussi des sites internet et des applis pour trouver d’autres voyageurs solo. Il peut s’agir, par exemple, de partager une cabine le temps d’une croisière, ce qui permet d’éviter le supplément single. Ou de trouver quelqu’un pour partager un trajet en taxi (aéroport ou excursion). J’accorde moins d’importance à ce que je mange quand je voyage seul. A midi, je me contente d’un sandwich sur le pouce au lieu d’un lunch au restaurant. Quant aux musées et activités, on les paie au même tarif. »

Bref, si vous avez envie de partir seul, faites-le! Et si l’expérience s’avère décevante, personne ne vous empêchera de rentrer chez vous plus tôt que prévu...

Peter, 55 ans, est parti 18 jours à vélo aux Pays-Bas

Après la pandémie, j’ai ressenti le besoin de vacances sur mesure. C’était la première fois que je partais vraiment seul. J’avais déjà voyagé seul pour rejoindre des amis ou de la famille à l’étranger et sur place, je laissais mes hôtes tout organiser. J’avoue que je n’aime pas trop planifier mes voyages. Là, j’ai bien été obligé de le faire...

Je suis parti à vélo dans le nord des Pays-Bas. D’abord parce que j’adore ça, et aussi parce que c’est le pays où tout est fait pour les cyclistes. En cas de panne, je n’aurais pas de mal à trouver un réparateur. Mes étapes, je les ai en général trouvées via l’association « Vrienden op de fiets ». On loge chez l’habitant pour à peine 25€ la nuit, petit déjeuner inclus. C’était parfois très basique, mais parfois aussi dans une villa avec piscine. L’avantage de la formule ? On trouve chaque jour des gens avec qui parler, le soir en arrivant et le matin au petit déjeuner. Même si ce n’était pas ma préoccupation première... Un voyage à vélo était une expérience si nouvelle pour moi que je voulais la vivre seul. Comme un petit pèlerinage. Je voulais m’éviter le stress de compagnons de voyage qui pédaleraient moins vite et les discussions concernant l’itinéraire ou les haltes. J’adore cette liberté! Et la routine qui se met en place aussi: lever, petit déjeuner, vélo, halte pour un latte, à midi pour un lunch et arriver à destination vers 16 heures, prendre une douche et chercher la halte du lendemain. Le soir, il m’est arrivé de ne pas sortir manger: je ne ressentais pas forcément le besoin de croiser d’autres cyclotouristes. Mais j’ai été frappé par la gentillesse de tout le monde: je me suis senti hyper détendu, et cela a dû se voir.

Via Facebook, j’ai partagé mon expérience avec les amis et la famille. C’était mon rituel du soir: poster quatre photos et décrire mes impressions. Ça m’a donné le sentiment de ne pas voyager seul. Et dans les moments un peu plus durs – pas toujours évident d’être face à ses pensées jour après jour – ça me faisait du bien de lire les réactions.

Voyager seul, quel sentiment de liberté!

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