© getty images

La télécardiologie en pratique

Grâce au télémonitoring (suivi à distance), il est possible de détecter à temps les signaux d’un problème cardiaque, de réagir et ainsi d’éviter une hospitalisation.

Il existe aujourd’hui deux types de télémonitoring du cœur permettant de lutter contre l’insuffisance cardiaque: via un implant ou par le biais d’appareils de mesure non-invasifs (tensiomètre, pèse-personne, oxymètre…) qui surveillent plusieurs paramètres cruciaux.

Le télémonitoring classique

Dans le cas d’une télésurveillance classique, lorsqu’une insuffisance cardiaque a été diagnostiquée chez un patient, un membre de l’équipe de cardiologie téléphone régulièrement à son domicile pour contrôler son poids, s’il n’a pas reçu un pèse-personne numérique relié directement au service de cardiologie. «Les variations de poids sont un indice important pour détecter la rétention d’eau à un stade précoce, analyse le Dr. Philippe Timmermans, cardiologue au Hartcentrum Hasselt. Le patient peut aussi agir seul en prenant note chaque jour de son poids. Si cette donnée est importante, elle ne dit pas tout. En effet, le poids peut rester stable malgré la rétention d’eau, par exemple si la personne se sent mal et mange moins».

Les mini-capteurs parviennent à éviter 40% des hospitalisations. Un véritable traitement high-tech sur mesure.

Ce type de téléconsultation sert aussi à détecter d’autres symptômes, comme la fatigue et les variations de tension artérielle. Si plusieurs indices pointent dans la même direction, le service avertit le patient. L’objectif du télémonitoring consiste à agir avant que des symptômes plus graves n’apparaissent.

«On peut adapter la médication, par exemple prescrire plus ou moins de diurétiques. Aux patients qui sont habitués ou qui ont une bonne connaissance de leur état de santé nous pouvons donner des instructions à distance. Il leur suffit de venir ensuite à la consultation pour faire un check-up. Dans les cas plus sérieux, nous demandons au patient de venir nous voir sans tarder.»

Le pacemakers et le défibrillateur

Si vous présentez une insuffisance cardiaque et que vous avez un pacemaker ou un défibrillateur automatique implanté pour réguler votre pouls, ces petits appareils vous permettent aussi de bénéficier d’une télésurveillance.

«Dans notre centre spécialisé, ce service est automatiquement activé. Si les appareils détectent un choc ou si des troubles anormaux se produisent, nous sommes avertis et pouvons contacter le patient en vue d’un contrôle. Ce ne sont pas des appareils conçus à la base pour le télémonitoring, mais ils détectent toutes sortes de variables, comme une résistance dans la poitrine, ce qui nous permet de savoir rapidement si une personne court un risque accru d’œdème et de rétention d’eau. Des études ont montré que cela permet de prendre de nombreux patients en charge à temps et d’éviter nombre d’hospitalisations.»

Les mini-capteurs

A côté de cela, signalons une troisième catégorie intéressante d’appareils miniaturisés implantables, conçus spécialement pour détecter tout risque accru de rétention d’eau. Ces mini-capteurs locaux sont implantés dans l’artère pulmonaire.

«C’est l’endroit où la pression va augmenter en premier lieu, avant que le corps ne fasse de la rétention, donc avant même l’apparition des premiers symptômes. Ces capteurs ne mesurent que quelques millimètres de long. Il suffit de s’appuyer contre un coussin spécial pour que l’appareil envoie les données à l’équipe de télémonitoring. Si le patient fait cela chaque jour, la moindre variation sera facilement détectée et on pourra adapter les médicaments à prendre.»

«Deux études récentes, dont une menée auprès de patients aux Pays-Bas, prouvent que ces mini-capteurs parviennent à éviter 40% des hospitalisations. On peut vraiment parler de traitement high-tech sur mesure.» Attention, tous les patients concernés par l’insuffisance cardiaque ne se font pas implanter ce type de capteur! La technologie concerne surtout ceux qui souffrent de crises subites sans cause bien établie ou présentent des symptômes persistants – par ex. de l’essoufflement – malgré les médicaments.»

Une absence de cadre légal

Dans notre pays il manque encore un cadre légal pour la télésurveillance des insuffisances cardiaques, alors qu’elle existe depuis une dizaine d’années. Ce qui explique qu’en pratique, les médecins n’en fassent pas tous le même usage. Plusieurs hôpitaux se servent d’instruments de mesure numériques qui transmettent automatiquement aux équipes soignantes le poids et la tension artérielle des patients. Souvent, cela permet à ces derniers de rentrer plus vite chez eux après une hospitalisation, avec un suivi par télémonitoring. Jusqu’à présent, cela se limite à des études médicales. «On sait déjà que, pour certains groupes, cette solution est cruciale et contribue à éviter les réadmissions. On attend maintenant de voir si cela permet aussi de réduire la durée de l’hospitalisation. En même temps, nous nous concentrons sur la pédagogie, afin que les patients aient une bonne connaissance de leur maladie. La plupart réagissent de manière très positive à la télésurveillance: ils sont rassurés de savoir qu’on les suit à distance et ils hésitent moins à appeler en cas de souci.»

A lire aussi: L’insuffisance cardiaque mieux prise en charge

Contenu partenaire